Lola pensait passer un été au camping à regarder ses parents se disputer mais l'animateur ne tardera pas à lui trouver d'autres occupations.
( Avec les écouteurs sur les oreilles :
Spotify : playlist "un été à s'étirer" - AG
)
Pppfffffff ! 34 ans et en route pour passer les vacances avec papa et maman - Aigrie par cet état de fait, je soupire en regardant défiler le paysage par la fenêtre de la voiture. Mon père tapote avec son index le volant. Ma mère a enfilé ses lunettes de vue et regarde sur son portable en fronçant les sourcils.
« C’est la prochaine j’te dis ! » râle-t-elle pour la deuxième fois.
« Mais d’habitude, on sort pas là. » lui répond fermement mon père.
« Rrrrhhhooo, tu m'agaces Jean-Pierre! Chaque année, c’est la même chose! Je ne fais que suivre le GPS alors si t’es pas content, t’as qu’à me laisser conduire! »
« Gngngnnnn » bougonne mon père qui décide tout de même de mettre son clignotant pour se ranger sur la voie de droite.
Je soupire une nouvelle fois. Déjà que ma situation n'est pas simple mais si, en plus, les vacances ressemblent à une interminable prise de têtes entre ces deux-là, je vais aller me jeter dans l'océan. Qu’est-ce qui m’a pris de les accompagner déjà?
Ah oui, je sais. J’ai eu la bonne idée de quitter mon travail ; un travail qui 1. commençait à me rendre chèvre et 2. me rappelait mon mariage aussi bref a-t-il été.
J’ai épousé Bastien 2 ans auparavant et le divorce vient d’être prononcé. C’est dire à quel point ce mariage a été court. Lui était commercial et moi, je tenais le poste de cadre en communication. Nous nous sommes rencontrés pendant une réunion et ce fut un vrai coup de foudre entre nous. Enfin un truc de bon dans ce boulot ! pensais-je à l'époque. Nous avons vécu une année de relation passionnée qui a fini par un magnifique mariage. Je n’avais pas vraiment de recul sur la situation et j’ai suivi le mouvement folle amoureuse - ou folle tout court.
Et puis, j’avais déjà 32 ans. Evidemment, pour ma famille, il était devenu urgent que je me marie. Une inquiétude qui m’avait encouragé à garder les yeux fermés sur Bastien et ses autres relations. Car oui, je n’étais pas la seule femme qu’il fréquentait. Bien sûr, il était trop tard quand la réalité a finalement décidé de m’éclater à la tronche. Pourtant, ce n’était pas les signes qui manquaient : je n’avais plus de nouvelle de lui quand il partait en déplacement et des rumeurs circulaient dans la société où l’on travaillait. Certains collègues m’avaient même mise en garde : « Bastien a une femme à chaque port ». Complètement sourde, je préférais mettre ça sur le compte de la jalousie. Quelle gourde j’étais!
Donc, sans argent et incapable de voyager seule, j’ai sauté sur l’occasion quand mes parents m’ont proposé de prendre la chambre disponible dans leur mobilhome. J’avais tellement besoin de changer d’air. Des vacances bon marché paraissaient être idéales … enfin peut être pas tant que ça finalement.
Me voilà donc dans cette voiture, à quelques minutes d’arriver sur mon lieu de vacances et je me demande si me retrouver seule avec mes parents sera supportable et si je ne passerais pas un peu pour une vieille fille.
« Tu rêves ma chérie ? » me demande ma mère.
« Oui un peu. » lui dis-je.
« Tu vas voir ça va être sympa. Ça va te faire du bien. » me rassure-t-elle.
Elle a du lire sur mon visage le désespoir d’une trentenaire en partance pour vivre un sacré retour en arrière.
Un grand chêne marque l’entrée du camping et un panneau sur un portail nous indique le lieu d'arrivée. Notre voiture avance lentement dans l’allée où des gamins de tout âge passent en vélo, en trottinette ou courent derrière un ballon. Mon père s’arrête devant une barrière et baisse sa vitre. Une petite femme brune au teint caramel et à l’air jovial court vers nous et s’arrête à la fenêtre du conducteur.
« Bonjour Lili, bonjour JP. Vous avez fait bon voyage ? » demande-t-elle gaiement.
« Bonjour Sonia. Super! Y avait pas un chat sur l’autoroute. C’est la deuxième année qu’on prend la même et franchement c’est impeccable. »
« Ah super." Elle marque une pause et regarde dans ma direction " Je vois que cette année, vous êtes accompagnés. C’est votre fille ? »
Ma mère se retourne pour me regarder et je crois distinguer un peu de pitié dans son regard. Si seulement ils pouvaient faire comme si je n’étais pas là mais c'est sûrement trop leur demander. Je m’enfonce un peu plus dans mon siège priant le dieu du camping pour que ma mère ferme un peu sa bouche.
« Oui c’est Lola. Dis bonjour Lola. »
Non mais elle m’a pris pour une gamine de 5 ans ou quoi ?
" Bonjour"
« La pauvre a eu une année tellement malheureuse qu’on l’a amené avec nous pour lui changer les idées. »
« Non mais ça, t’es pas obligé de le dire à tout le monde putain. » bougonnè-je en me redressant un peu.
Je savais très bien ce qui pouvait sortir de sa bouche et je n’avais pas forcément envie que tout le monde soit au courant du désastre qu’était devenue ma vie.
« Non mais surveille ton langage! » me dispute ma mère.
« Maman s’il te plait, pourrait-on éviter de jouer à ça. Je ne suis plus une enfant. » lui demandè-je plus calmement.
« Oui tu as raison ma chérie. »
Sonia émet un petit rire et me fait un clin d’œil.
« Tu vas te requinquer ici Lola. »
Je la remercie d’un geste de tête et retourne me ratatiner sur mon siège.
« Voici votre clef et votre badge pour le portail. Bungalow 9 comme d’habitude. »
« C’est toujours le bungalow des animateurs en face ? » demande mon père.
« Oui évitez de sortir nus du bungalow » rigole Sonia.
« Moi y a pas de risque mais Jean-Pierre, je ne promets rien ! » renchérit ma mère en rigolant.
« Je ne voudrais pas choquer ces jeunes filles, Elisabeth. »
Mon père a sorti son gros rire graveleux et l’image de mon père en slip sortant son gros ventre sur la terrasse me fait tressaillir. Cette conversation me met terriblement mal à l'aise. Vivement que je sorte de cette putain de voiture!
« Vous risquez surtout de faire concurrence à Alex. » lui répond-elle.
Y aurait-il un autre vieux aux abdominaux Kronenbourg qui a des tendances exhibitionnistes ? Cette pensée me fait frissonner à nouveau tandis que la barrière s’ouvre pour nous laisser entrer.
Les allées du camping sont étroites et nous roulons au pas. De chaque côté, les campeurs s’agitent. Certaines personnes débarrassent leur voiture, d’autres bronzent sur leur terrasse en regardant les nouveaux arrivants passer.
Mon père tourne à gauche dans une allée où la plupart des emplacements sont occupés par des tentes en construction. Seuls deux bungalows se trouvent au fond du chemin. Mon père s’arrête sur le terrain du plus petit. En face, le mobilhome semble deux fois plus spacieux et un grand jeune homme est appuyé sur la barrière. Mon père ouvre la portière et soupire d’aise.
« Aaaahhhh enfin arrivé ! »
Il s’étire longuement et se tourne vers le jeune homme qui se redresse.
« Salut Alex, comment vas-tu ? »
Ah c’est donc lui Alex.
« Super et toi, JP ? »
« Je suis ici donc ça va. »
A son tour, ma mère sort de la voiture et je me décide aussi à ouvrir ma portière.
« Bonjour Alex. »
« Bonjour Lili. »
« Je te présente notre fille adorée, Lola. »
Je me retourne vers lui, agacée par les babillages de ma mère et hoche la tête pour le saluer.
Alex est un homme immense qui doit bien atteindre les 1m90. Il est relativement fin mais ses grandes épaules lui confèrent une stature impressionnante. Un grand sourire, des petites faussettes et des yeux brillants donnent à son visage un air joviale. Ses cheveux bruns en bataille complètent parfaitement la panoplie du petit animateur. Il est charmant. Le spectacle de lui torse nu ne doit définitivement pas être le même qu’avec papa !
Il hoche sa tête pour me saluer à son tour et enfile une casquette au logo du camping avant de partir.
« Bon séjour à vous alors. »
« Merci Alex. » répond mon père.
« Tu nous aide à débarrasser Lola? » me demande ma mère qui, déjà me met dans la main la poignée d'une valise qui pèse une tonne.
« Mais t’as mis quoi là dedans ?! » lui demandè-je tandis que la valise tombe à mes pieds.
« C’est ta valise ma chérie. »
Je me retourne donc pour regarder - Ah oui c’est vrai. Putain j’ai du emmener ma baraque là dedans!
Mon père m’emboite le pas et ouvre le bungalow. Une pièce qui rassemble cuisine, salon et salle à manger marque l’entrée de l’habitat. A gauche, mes parents s’installent dans une grande chambre avec un lit double qui est accolé aux WC et à droite, se trouve une autre chambre avec deux petits lits collés l’un à l’autre, m’offrant un beau lit d’1m60. Une salle de bain minuscule avec douche et lavabo se trouve à côté de ma chambre.
Je pose la lourde valise et vais m’asseoir sur mon lit détaillant la pièce des yeux. Des placards sont disposés dans chaque coin de la pièce et une fenêtre est ouverte sur l’extérieur. Un grand arbre se dresse devant ma fenêtre m’offrant un peu d’intimité. Finalement, c’est pas si mal ici, pensè-je en m’allongeant sur le lit.
ALEXANDRE
La soirée d’hier a été plutôt agitée. C’était le jour des arrivées et l’apéritif était offert par la maison. Cet évènement hebdomadaire ramène toujours énormément de monde. De nombreuses jeunes femmes étaient présentes et comme souvent, j’ai récupéré beaucoup de numéros.
Voilà quelques années que je fais ce métier et je n’ai jamais été déçu par l'enthousiasme que provoque mon statut d’animateur. Les femmes viennent à moi sans que j’ai besoin de faire le moindre effort et cela me convient parfaitement.
Je vide les poches du pantalon que je portais la veille au soir empilant les petites bouts de papier froissé : Anna bungalow 45 - Marie, 06 03 04 .. .. - Cécile, emplacement 67, … que des bombes prêtes à passer un bon moment avec moi. Je m’affale sur une chaise et je soupire d’aise. Nous ne sommes qu’en juillet et déjà la saison bat son plein. D’habitude, ce mois-ci est plutôt synonyme de débarquement de personnes âgées avec leur petits enfants ou de familles bruyantes.
Je me relève pour démarrer la machine à café en réfléchissant à mes futures conquêtes. Laquelle sera assez farouche pour me choper la première ? Aaahhh vivement que je sache. Un large sourire se dessine sur mon visage et rêveur, je regarde devant moi. La fenêtre de la cuisine est ouverte. Elle donne sur le bungalow en face où JP et Lili sont installés sur leur terrasse. Ce couple de retraités vient tous les ans et a pris ses petites habitudes dans ce mobilhome. Ce sont des voisins récurrents et plutôt agréables. Le petit déjeuner est installé sur la table en bois de la terrasse et JP touille son café distraitement. Sa femme est allongée sur un transat et a commencé la lecture d’un livre qui doit bien faire 500 pages.
Je me retourne pour récupérer ma tasse et prend une gorgée du café chaud.
Le liquide ressort aussi vite qu’il est rentré et coule sur mon menton. Le spectacle auquel j’assiste me fascine un peu trop.
Dans l’embrasure de la porte d’entrée du bungalow, une femme s’étire lentement. Ses bras tendus au dessus d’elle relèvent légèrement son débardeur et dévoilent une partie charnue de son ventre. Ses seins généreux se devinent sous le tissu blanc et un mini-short rose remonte sur ses hanches rondes. Son nombril s’allonge en même temps que son corps et ses cheveux en bataille retombent sur son visage encore endormi.
Je tousse, ma lèvre inférieure certainement brulée au 3ème degré et le café éclabousse la vitre de la fenêtre.
Merde ! Je me glisse rapidement sur le côté espérant que personne n’a vu le spectacle pathétique que je viens d’offrir. Qu’est-ce qu’il me prend? Je m’approche de l’évier pour récupérer l’éponge. Ce n’est pas la première femme que je vois quand même. Du café est tombé sur mon t-shirt et je fais couler de l’eau dessus. Quel abruti ! La tâche estompée, je me rapproche à nouveau de la fenêtre pour l’essuyer.
« T’es levé ma caillette? »
La voix de JP me parvient de l’extérieur. Ma caillette? Un petit rire m’échappe.
« Tu dors beaucoup en ce moment, tu es sûre que ça va? » une voix féminine a pris le relai et j’imagine que c’est Elisabeth.
« Oui ça va maman. Arrête de t’inquiéter tu veux? J’ai du retard de sommeil a récupéré.»
Je me rappelle alors que cette année, ce couple de retraités est venu accompagné. J’avais salué leur fille, Lola, la veille. Je jète un rapide coup d’oeil dehors. La femme est désormais assise à table, la tête allongée sur son bras. Les yeux dans le vide, elle regarde son verre.
Je la regarde plus attentivement pour en conclure que son étirement avait suscité chez moi bien plus d’émois qu’il n’en méritait. J’ai vu beaucoup de femmes et certaines plus attirantes - de quoi recracher tous les meilleurs cafés du monde. Je me ressaisis donc et j'essuie les quelques traces de café laissées sur la vitre. Puis, je récupère ma casquette et sors du bungalow pour aller retrouver mon poste et commencer ma journée de travail.
« Bonjour Alex ! »
L’homme et la femme d’en face me saluent en coeur. Lola relève sa tête et me sourit endormie. Mes joues se mettent à rougir légèrement malgré moi. Dehors la chaleur est déjà bien présente et c'est certainement le soleil qui commence déjà à réchauffer mon visage. Je leur souris et reprend mon chemin rapidement. Vraiment y avait pas de quoi faire tout ce cinéma !
LOLA
Un frisson de plaisir m’envahit alors que je m’étire devant l’entrée du bungalow de mes parents. Je baille fortement faisant sursauter mon père.
« Tu pourrais être plus discrète. » bougonne-t-il mais j’en ai rien à faire.
Tous les matins depuis notre arrivée, je prend un malin plaisir à regarder discrètement l’habitation en face. L’animateur, comme d’habitude, y prend son café et semble surveiller mon réveil. Je ne voudrais pas le décevoir même s’il pense sûrement être discret. J’avoue ressentir un certain amusement à provoquer l’émoi chez ce beau jeune homme. Depuis quelques jours donc, je m’étire longuement en émettant un bruyant bâillement, histoire de lui faire savoir que je suis là et il n’a encore loupé aucun de mes réveils. Hier, il a même glissé et j’ai eu beaucoup de mal à retenir mon rire.
Cet enthousiasme certain s'explique certainement par le fait que j’ai pris quelques kilos en étant en couple avec Florent. Les journées où j’étais sans nouvelle de lui et les rumeurs qui circulaient au travail avaient provoqué énormément de stress chez moi. La nourriture était devenue une forme de refuge. Je n’ai jamais manqué de confiance en moi mais mon corps s’étant un peu arrondi, je ne m'y suis pas encore totalement adaptée. Alors remarquer qu’un bel homme, jeune et habitué à voir défiler les plus belles me regarde, ça booste vraiment mon moral.
« T’as pas fini de miauler » m’interrompt mon père.
Un peu vexée, je ramène rapidement mes bras le long de mon corps.
« T’as tant de mal que ça à te réveiller? »
« J’ai pas très bien dormi. » lui dis-je sèchement.
Je jette un rapide coup d’oeil en face mais déjà le jeune homme est parti.
« Tu n’as jamais été matinale, comme ta mère. » dit mon père, me servant un café fumant dans une tasse blanche.
Il me la tend et se retourne pour continuer de lire son journal. Je m’assois pensive. Ma cuillère remue un café sans sucre pendant que je regarde la fenêtre rêveuse. Pppppffff ! Quand je pense que papa a interrompu mon petit rituel matinal!
Je porte la tasse à mes lèvres et le liquide amer envahit ma bouche.
"Pouah !!!!"
Je fais une grimace. Le café de mon père pourrait réveiller un mort.
« Il est pas bon mon café ? » me demande l’intéressé avec une moue boudeuse.
« Oh non, pas du tout. C’est juste que je pense que je vais pouvoir rester éveillée jusqu’à la fin des vacances avec ton café. »
Ironique, je fais mine de me régaler et repose la tasse sur la table. Je ne le finirais certainement pas mais je ne voudrais pas trop contrarier le paternel qui a déjà repris sa lecture.
Ma mère sort de la salle de bain et vient déposer un bisou sur ma joue.
« Tu sais, tu peux lui dire que son café est dégueulasse ma chérie. Je crois qu’il est bien trop fort personnellement. »
Tu m’étonnes ! Il pourrait démarrer un moteur avec !
Au même moment, Alex sort de son bungalow et distrait mon père qui s’apprêtait à se plaindre.
« Bonjour Alex. » le salua ma mère.
Il tourne rapidement sa tête pour la regarder.
« Bonjour Alex. Comment tu vas ? » ajoute mon père.
Le jeune homme s’approche de notre terrasse. Mon coeur bat un peu plus vite et je viens plonger le nez dans mon café déjà froid pendant que mes parents et lui échangent des banalités sur la météo.
Alex jette un rapide coup d’oeil en ma direction. Son regard sombre me fait rougir rapidement. Certainement fier de son effet, il a désormais un immense sourire sur les lèvres, ce qui fait ressortir ses petites faussettes. Aïe Aïe Aïe vraiment craquant. Mon coeur s’accélérant encore, je décide de me lever pour rentrer vider ma tasse à l’intérieur. Je ne veux pas lui en montrer plus et il est hors de question que je tombe dans le piège de ce séducteur. J’ai passé l’âge de m’abandonner dans les bras d’un bel animateur juste parce qu’il a un sourire ravageur. L' émoustiller en m'étirant tous les matins oui ! mais me pendre à son cou ... jamais ! Les mains dans l’eau chaude de l’évier, mon coeur reprend un rythme normal.
« Tu veux venir avec nous faire les courses ma chérie? » me demande ma mère.
Je me retourne et regarde vers l’extérieur. Alex est parti.
« Non je vais aller faire un tour de vélo maman."
Un peu de sport loin de ce camping me remettront sans doute les idées en place.
Ahhhhh, un pur moment de bonheur cette balade! Mon petit vélo m’a amené sur la côte où j’ai pu profiter de la brise marine. J’ai mis mes écouteurs et ma playlist spécial vacances pour m’accompagner. J’aime l’odeur du sel, le soleil qui chauffe mon visage et le vent dans mes cheveux. Ouais je sais c’est un peu cliché. Mais à ce moment-là, un sentiment de légèreté m’envahit et je me sens libre. Pédaler face à l’océan est vraiment un moment magique et je me promets de le refaire rapidement.
Voilà une bonne heure que je suis partie. Décidée à rentrer, je pédale désormais vers l’entrée du camping. Le lieu est relativement désert à cette heure-ci et je me redresse afin de voir s'il n'y a pas trop de monde à la piscine. Parfait, personne! Je vais peut-être y faire une petite baignade...
D’un coup, un petit garçon excité déboule en courant devant mon vélo. Je bifurque en urgence pour ne pas le renverser mais malheureusement choisir la droite n’est pas judicieux. Mes pieds ne sont déjà plus sur les pédales quand je heurte avec violence une cabane de jardin. Je m’étale de tout mon long dans les graviers.
Je regarde autour de moi un peu sonnée. Pendant quelques secondes, le petit garçon me dévisage effrayé, puis il retrouve son ballon et repart tout aussi rapidement. Petit con de M….! Jennifer Lopez hurle dans mes oreilles "waiting for tonigh" et je suis rassurée d'entendre que mon casque n’est pas tombé. Quelques gamins courent après leurs copains mais aucun adulte à l'horizon. Ouf!
Je soulève légèrement le vélo qui gît au sol et retire ma jambe restée en dessous.
Une main masculine se pose alors sur ma cheville. Je tourne la tête rapidement. Alex est penché sur moi. Le voir me surprend et mes joues se mettent à chauffer fortement. Moi qui pensait avoir chuté en toute intimité, il a fallu que quelqu’un me voit et qu’en plus, ce soit lui. La bouche d'Alex articule des mots que je n’entends pas. Seule la voix de la chanteuse me parvient aux oreilles. Il s’approche de moi encore plus et mon coeur se met à battre à tout rompre dans ma poitrine. Il soulève mon casque.
« Ohé. Tu vas bien ? »
Cette fois, j’ai bien entendu et je sors un peu de ma torpeur.
« Oui, oui, ne t’inquiète pas. C’est juste une petite chute. » lui répondè-je tandis que je m’apprête à me relever.
« Aïe »
Une petite douleur que je n’avais pas sentie jusqu’alors se réveille sur mon genou.
« Ah merde tu saignes. »
Le liquide chaud coule le long de ma jambe et je me rassois pour regarder de plus prêt l’écorchure. Elle est artificielle mais assez grosse.
« Appuies-toi sur moi pour te relever. »
Alex s’est positionné à côté de moi et me tend son bras. J’hésite quelques secondes et je finis par poser ma main sur son épaule. Cette proximité soudaine déclenche chez moi un certain ravissement que je préfère ignorer.
« Tu as de quoi te soigner au mobilhome ? »
« Euuhhhh je ne crois pas. »
« T’avais pas prévu de tomber à vélo ? C’est étonnant. » rigole Alex.
J’esquisse un sourire timide en guise de réponse. Ah ça non! Je n’avais pas prévu de tomber à vélo petit malin!
« Du coup, je vais jouer ton infirmier. » me dit-il en me faisant un clin d’œil qui me fait sauter le cœur.
Alex me dirige jusqu’au bâtiment qui sert de cuisine et de bar pour le camping. C’est un préfabriqué avec deux immenses fenêtres qui servent de comptoir quand elles sont ouvertes et une petite porte sur le côté. A cette heure-ci, le bar est fermé et il me fait entrer à l'intérieur.
« Assieds-toi sur le congélateur » me demande Alex qui ouvre différents tiroirs à la recherche de quoi me soigner. "Merde, il l'ont mis où?"
Le congélateur qui contient toutes les glaces de la carte est relativement haut. J’ai beau me dandiner, je n’arrive pas à monter dessus. L'animateur se retourne et, amusé, me regarde me tortiller. Ses yeux plein de malice augmentent la vitesse des battements de mon coeur et je le maudis intérieurement d'avoir cet effet sur moi. Il s’approche vers moi.
« Attends, je vais t’aider. »
Alex attrape fermement ma taille pour me soulever légèrement. Ses bras se tendent sous son t-shirt et je mobilise toute ma force mentale pour ne pas rougir de plus belle.
ALEXANDRE
J’ai à peine posé mes mains sur elle que déjà ses joues se remettent à rougir. Putain ce qu’elle est canon ! Je suis déjà à deux doigts de vriller rien qu’à la sensation de ma paume sur ta taille alors si en plus, tu te mets à rougir… Je ferme les yeux fortement pour me remettre les idées en place laissant mes mains s’attarder sur ses hanches.
« Alors la trousse à pharmacie! Où est elle ? » dis-je en me détachant d’elle rapidement.
« Tu ne sais même pas où c’est? Tu n’avais pas prévu que je tombe à vélo ? »
Un petit rire m’échappe et je me retourne vers elle.
« C’est parce que tu me déconcentres. » lui repondè-je un grand sourire sur les lèvres.
Son visage devient plus rouge encore et maintenant, une seule pensée m’obsède : De quelle couleur seraient ses joues si je lui arrachais ses vêtements tout de suite ? Je secoue en vain la tête comme pour faire sortir cette pensée. Je fouille un énième tiroir et enfin, je trouve la trousse à pharmacie. A chaque saison, le patron doit se faire un malin plaisir de la déplacer.
Je l’ouvre et cherche un coton que j’imbibe d’eau pour nettoyer le sang. La sensation du coton humide sur sa peau la fait sursauter.
Quel plaisir de parcourir sa jambe du bout de mes doigts. Des bobos, j’en ai soigné des tonnes mais c’est la première fois que je suis aussi ravi de le faire. Aucune autre blessure ne semble être présente et je lève mes yeux vers elle. Lola regarde le plafond, les joues toujours chaudes. Je souris. J’ai très envie de m’attarder un peu mais je peux sentir déjà l'ardeur qu’elle déclenche en moi et il ne serait pas prudent de souffler sur les braises.
« Tout est propre. Je vais désinfecté. »
Ses yeux reviennent vers moi tandis qu’elle suit chacun de mes gestes avec appréhension. Je sors un nouveau coton que j’imbibe d’alcool.
« Ça va piquer » la préviens-je.
Une grimace se dessine sur son visage.
« Eh ! J’ai pas commencé! » lui dis-je en riant.
« C’est pas l’alcool qui me fait peur mais tu vas devoir encore me toucher et ça, ça fait peur. » me dit-elle en simulant un air de dégoût sur le visage.
J’attrape alors son mollet et m’approche rapidement d’elle. Elle retient son souffle. Mon visage est juste en dessous du sien et il me suffirait de me relever de quelques centimètres pour que me lèvres atteignent les siennes.
A suivre...